Au commencement… étaient les eaux. Celles-ci possèdent, dans la plupart des mythologies, un caractère sacré, associé à la vie et à la fécondité. C’est à la surface des eaux, créées par sa pensée, que le dieu indien Vichnou dépose sa semence pour créer la terre. « Nous avons fait de l’eau toute chose vivante », dit le Coran. (Coran XXI, 30). Fécondité féminine, tout d’abord, comme en témoignent les pèlerinages des jeunes filles aux sources, quelle que soit la culture. Les divinités protectrices des sources sont toujours féminines. Les Naïades ou nymphes, filles de Jupiter peuplent les sources, les fontaines, les rivières et les fleuves. Océanides (nymphes marines) et Néréides (nymphes d’eux douces) sont autant de gracieuses baigneuses, pourchassées par les faunes et les satyres. Seul l’océan garde une identité masculine, sans doute due à ses aspects dangereux. Le courroux de Poséidon empêche Ulysse de revenir chez lui et de connaître le bonheur.
Symbole de vie, l’eau sert aussi de trait d’union avec l’au-delà. Source de toute vie, elle représente également un instrument ritualisé de purification et de régénération. En Grèce, l’initiation des candidats aux mystères d’Eleusis, rite secret dédié à la déesse des moissons, Déméter, débute par un bain de mer, suivi d’un jeûne.
Depuis la nuit des temps, la première chose que les hommes partagent au quotidien, c’est donc l’eau. Car aucun organisme vivant ne peut se passer d'eau. Il n’est pas une seule cellule qui puisse se développer hors d’un milieu aqueux. Un nouveau-né est ainsi composé d’eau à près de 80 % ! Pour survivre, un être humain doit en consommer au moins 1,5 litre par jour. Quatre jours d’abstinence suffisent à le tuer, alors qu’il peut aisément tenir plusieurs semaines sans manger. Après la fertilité, la purification et la régénération, l’eau exprime donc aussi la santé. Il semble bien que, dès l’Antiquité, l’eau constitue une panacée, au point d’être parée de toutes les vertus. Asclepios, dieu grec de la médecine (devenu Esculape chez les Romains) prescrit même le bain pour guérir les maladies mentales. C’est dans les temples qu’Hippocrate et les médecins l’Antiquité utiliseront à cet effet des méthodes que la médecine moderne redécouvre depuis peu.
Il n’est donc guère étonnant que le bien-être, dont l’essence repose sur la recherche d’une harmonie entre le corps, l’esprit et l’environnement, se soit réapproprié la symbolique de l’eau. On ne dispose pas toujours à proximité de chez soi d’une source thermale ou des profondeurs de l’océan. Mais en revanche l’eau et la chaleur, combinées ou séparées vous permettent d’entretenir votre forme et votre vitalité au quotidien. Piscines, bassins de repos, spas de nage, bains bouillonnants, douches expériences, hammams et saunas sont aujourd’hui les avatars des nymphes et des elfes d’autrefois permettant aux humains de se régénérer et de se ressourcer… Pensez-y la prochaine fois que vous plongerez dans votre piscine ou que vous vous détendrez dans un bain bouillonnant !
Siska von Saxenburg
Co-fondatrice de guidespa.com
Auteur de L’ABC du Spa (Editions Grancher)
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