Dans ce dossier, nous avons sélectionné cinquante hôtels de charme à travers toute la France pour leur déco, leur situation et leur sens de l'accueil ; sans oublier les bonnes tables des environs et les sites à ne pas manquer. Cinquante adresses irrésistibles testées pour vous, à découvrir sans tarder, pour prolonger l'été. 
Envie d'un week-end en amoureux, d'une escapade spa, d'une pause farniente en pleine nature, de beaux petits déjeuners gourmands, d'une table décontractée, de chambres douillettes et d'un accueil efficace ? Pas facile de faire son choix parmi les 17 700 hôtels classés en France - ils étaient 20 400 en 1991 -, surtout si l'on est à la recherche d'une adresse répondant à cette notion subtile, indéfinissable et éminemment subjective que l'on nomme « le charme ».
L'hôtellerie française, très diversifiée, avec des propositions de prestations pour tous les goûts et presque tous les prix (de 25 à 800 euros et parfois bien plus par chambre), a beaucoup évolué ces dernières années, et les établissements de caractère ne manquent pas. «Seulement, il y a peu, lorsque l'on parlait d'hôtellerie de charme, il y avait souvent une dimension régionale un peu réductrice, explique Jean-Philippe Nuel (1), architecte d'intérieur renommé, spécialiste du relooking hôtelier. Or, depuis environ cinq ans, cette hôtellerie indépendante (83 % des hôtels en France), pour se différencier de l'hôtellerie de chaîne, ose des projets très pointus qui correspondent à l'évolution de notre société devenue plus globale, à l'évolution des goûts d'une clientèle qui a rajeuni et qui a voyagé.»
Une passionnante étude du CMHF - Comité pour la modernisation de l'hôtellerie française (2) -, réalisée en mai dernier par le cabinet Coach Omnium, s'est attachée pour la première fois à mettre précisément en évidence les attentes des clients des hôtels. Il en ressort que celles-ci ont évolué si vite que bien des établissements accusent un sérieux déficit de modernité.
Ce que nous plébiscitons ? Avant tout, les chambres propres (pour 98 % des sondés !) et silencieuses (71 %) : le bruit et le manque de propreté sont les premiers reproches faits aux hôtels. Plus long (2 mètres), plus large (1,80 à 2 mètres), plus haut aussi - pour le bonheur des femmes de chambre ! -, le lit, pièce maîtresse de l'espace chambre, est désormais plurifonctionnel : on y lit, on y dort, on s'y installe pour travailler, on y regarde la télévision, on y batifole et il devient ainsi l'élément principal polyvalent de la chambre. Le temps des oreillers supplémentaires au fond de l'armoire est révolu : l'oreiller est devenu le moyen visuel le plus facile et le moins coûteux pour inviter son hôte à une nuit douillette. Enfin, nous sommes dans la génération couette (67 % des sondés la préfèrent). Sans doute l'influence Ikea sur nos modes de vie, mais aussi la notion d'hygiène : on a le sentiment qu'une couette est plus propre que la couverture ou le dessus-de-lit «qui semblent ne jamais partir au lavage». Et puis la couette est totalement en adéquation avec la notion de cocooning et de recherche d'intimité.
Le minibar ? Les hôteliers l'ont tué en exagérant leurs prix : il est jugé «pas important» pour 76 % des sondés. Même sort pour le porte-bagage (un tiers seulement des clients vident leurs valises !) et le miroir en pied, de moins en moins demandé. L'armoire-penderie change de style : elle se nomme désormais dressing et offre toutes les fonctionnalités de celui-ci. On l'aime éclairable et ouvert, décloisonné. Du côté du mobilier, on revient à des valeurs sûres, écolos et durables, comme le bois si possible massif. La génération moquette fait place au parquet, qui crée une ambiance nouvelle et rajeunie. Les essences claires (acacia, bambou, bouleau...) conviennent aux décors contemporains. Les murs s'habillent de peintures murales naturelles, saines et belles. On oublie les teintes brillantes pour des finitions mates ou satinées, moins agressives. Les revêtements à effets matières, comme la peinture à la chaux, mais aussi le béton ciré ou l'argile, connaissent un succès grandissant. On privilégie l'éclairage naturel. Les prises électriques ne sont jamais assez nombreuses, ni assez accessibles pour nos téléphones, appareils photo et autres ordinateurs portables. La chambre d'hôtel étant un lieu privatif et protégé, nous souhaitons aussi pouvoir tout régler nous-mêmes, de la température à l'occultation des fenêtres. La connexion Wi-Fi est vivement souhaitée (les deux tiers des sondés ont un PC en bandoulière). Tout comme le plateau de courtoisie avec bouilloire, thé et café comme aux Etats-Unis, et une bouteille d'eau gratuite. Enfin, les produits d'accueil sont appréciés s'ils sont de qualité : non au shampooing qui ressemble à du liquide vaisselle !
«Il faut sans cesse surprendre ses clients»
Beaucoup d'hôteliers ont heureusement compris et anticipé toutes ces demandes. Ainsi a-t-on vu éclore, ces dernières années, nombre d'adresses originales riches de ce petit supplément d'âme qui fait le bonheur de leurs clients. «En France, il faut toujours que les choses durent... Moi, je fais l'inverse, explique José de Mello, propriétaire de deux ravissants hôtels à Barneville-Carteret dans la Manche (l'Hôtel les Ormes et l'Hôtel des Isles). Tous les six mois, nous changeons les peintures du restaurant. L'hiver dernier était chocolat, cet été fut jaune Panama, cet hiver sera aubergine... Pour Noël, nous achetons des montagnes de décorations en Belgique pour l'atrium et le salon. Un hôtel, ça doit être vivant, il faut sans cesse surprendre ses clients», conclut cet homme du Sud, fils de diplomate portugais et ancien professionnel de l'hôtellerie de chaîne, marié à Flavia, une décoratrice brésilienne.
Et ça marche ! «Des lieux tranquilles, si possible avec spa, des tables sympathiques, des endroits où séjourner en amoureux: depuis deux ans, ça cartonne vraiment! On est à + 40 % chaque mois!», s'enthousiasme Emilie de Beaumont, directrice-adjointe Europe &Monde arabe chez Voyageurs du Monde, qui propose sur son site (www.vdm.com) une soixantaine de week-ends et courts séjours en hôtel de charme en France. «Nous avons la chance d'avoir une clientèle francophone qui ne confond pas le charme avec le luxe. On surfe entre l'esprit déco et des adresses un peu plus authentiques, notamment dans les Alpes et en Provence, où nous avons des établissements formidables.» Un truc de professionnel pour ne pas se tromper : «Le petit déjeuner ! Je trouve qu'il est souvent à l'image de l'adresse. Un très bon pain, les confitures faites maison, les jus de fruits pressés, le fait qu'à 10 heures, on puisse traîner encore... Tout cela fait la différence.» A condition de ne pas oublier le facteur addition : déco ou pas, il faut savoir raison garder, et le rapport qualité-prix restera toujours l'un des principaux critères de succès d'un hôte.
Source : Le figaro
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